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Avant-propos

       Tout ce qui suit – formulĂ© Ă  l’ouverture du site il y a quelques annĂ©es – reste vrai mais c’était avant. Avant la retraite.

Techniques mixtes        D’abord prise d’une Ă©tonnante frĂ©nĂ©sie de mĂ©nage, je me suis peu Ă  peu calmĂ©e et n’ai plus rĂ©sistĂ© Ă  l’appel de mes pinceaux. Restait Ă  savoir quelle orientation donner Ă  mon travail en art. Me serait-il accordĂ© un supplĂ©ment de vie de 3 mois, de 3 ans, de 30 ans ? Ne possĂ©dant pas de boule de cristal, j’ai plutĂ´t envisagĂ© la question sous un autre angle. Libre de toute pression et de tout engagement, qu’est-ce qui me ferait le plus plaisir : continuer ce qui est satisfaisant ou partir Ă  l’aventure ? C’est la deuxième option qui l’a finalement emportĂ©. J’ai donc mis temporairement de cĂ´tĂ© ma chère peinture Ă  l’huile. DĂ©sormais, Ă  tous les jours, je me mets au dĂ©fi en explorant d’autres techniques Ă  partir d’autres mĂ©diums comme l’aquarelle, l’encre ou l’acrylique. J’en ai expĂ©rimentĂ© les bases lors de cours dispensĂ©s par l’Atelier libre de peinture de St-Hyacinthe sous l’oeil attentif de Madame Francine Leroux, gĂ©nĂ©reuse artiste professionnelle en techniques mixtes. MĂŞme si ce nouveau monde recèle souvent des obstacles et des dĂ©ceptions, il rĂ©serve aussi de belles surprises que j’accumule peu Ă  peu et que je proposerai bientĂ´t en toute simplicitĂ© et sans prĂ©tention. J’ai d’ailleurs reçu un encouragement en ce sens : une petite oeuvre intitulĂ©e Destination sud, a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e en 2018 pour ĂŞtre la carte de NoĂ«l officielle de la Ville de Saint-Hyacinthe. Ça m’a fait plaisir. J’aime ça la retraite.

Photo de Louise Cusson Peintre...

       Chaque peintre suit sa trajectoire propre en fonction de son tempĂ©rament, de ses influences mais aussi des circonstances de sa vie. Si je dessine et peins depuis l’enfance, ce n’est toutefois que depuis une dizaine d’annĂ©es, quand j’ai disposĂ© d’un peu plus de temps, que je me suis mise Ă  peindre rĂ©gulièrement et que j’expose en public la production qui en rĂ©sulte.

       ÉlevĂ©e sur une « terre » Ă  Saint-Simon près de Saint-Hyacinthe, j’ai grandi dans un foisonnement de vie : six frères et sĹ“urs, des milliers de poulets, une cinquantaine de vaches, sept chiens et vingt-deux chats, pas mal de rats et des millions de mouches. Disposant de bien peu de jouets, la crĂ©ativitĂ© venait tout naturellement Ă  notre rescousse et une plume de poulet trempĂ©e dans du jus de betteraves nous permettait de dĂ©corer nos costumes d’indiens ou de princesses confectionnĂ©s sommairement dans le papier brun des poches de moulĂ©e. J’éprouvais un vif plaisir Ă  griffonner des personnages sur tout ce que je trouvais : la terre battue de la cour, les murs, mes cahiers, le dessus de mon pupitre... Le plaisir dĂ©cupla quand on se mit Ă  m’offrir systĂ©matiquement une boĂ®te d’aquarelle puis de peinture Ă  numĂ©ros pour NoĂ«l ou mon anniversaire. Adolescente, j’ai scrutĂ© Ă  la loupe deux Marabout UniversitĂ© que m’avait offerts mon frère aĂ®nĂ© : Chagall et Van Gogh. Je rĂŞvais, je m’y voyais dĂ©jĂ . Mais Ă  l’heure des choix de carrière, imprĂ©gnĂ©e par le pragmatisme de mon milieu, j’ai complètement Ă©liminĂ© cette option: autonomie et survie avant tout.

       D’abord infirmière puis intervenante dans un organisme communautaire en santĂ© mentale, je n’ai pu, en tant que mère soutien de famille, accorder Ă  l’art le loisir de dĂ©crocher le premier rĂ´le dans mon existence. J’ai toutefois cherchĂ© par tous les moyens Ă  en conserver la flamme vive. Largement autodidacte, c’est surtout par l’étude attentive de livres spĂ©cialisĂ©s et d’innombrables exercices pratiques que j’ai peaufinĂ© les rudiments du mĂ©tier. Au fil des annĂ©es, j’ai frĂ©quentĂ© quelque temps les ateliers de trois professeurs qui m’ont judicieusement conseillĂ©e et encouragĂ©e : M. AndrĂ© Robert puis Mme Suzanne Caron pour la peinture Ă  l’huile et M. Nelson DuprĂ© pour le dessin.

       Je caresse en secret un rĂŞve : rĂ©aliser une oeuvre qui ait le pouvoir de rendre heureux quiconque la regarde, qui fasse du bien, un peu comme parvient Ă  le faire une chanson prĂ©fĂ©rĂ©e. J’ai de ces naĂŻvetĂ©s qui me motivent plus que n’importe quoi.


Avec 'Trois gars sur mon toit' et peinture

       Peindre pour moi est un geste privĂ©, intime, qui ne supporte pas de tĂ©moins et oĂą je m’abĂ®me des heures durant dans un Ă©tat qualifiĂ© couramment de « flow Â» que tous les artistes connaissent bien. J’ai expĂ©rimentĂ© diverses gammes de couleurs pour m’attacher plus particulièrement Ă  celle des gris colorĂ©s par mĂ©lange de complĂ©mentaires. Si la couleur pure est tonifiante, je cohabite mieux avec ces teintes attĂ©nuĂ©es, un peu feutrĂ©es. Ă€ chaque nouvelle Ĺ“uvre, je m’applique Ă  en explorer les possibilitĂ©s, Ă  en reculer les limites quitte Ă  tricher un peu. Il y a lĂ  de quoi m’occuper pour toute une vie. Dans un style rĂ©solument figuratif oĂą le dessin est important, je ne mets en scène que ce qui m’a d’abord touchĂ©e d’une façon ou d’une autre : un mouvement, une attitude, un contraste, une couleur... en un mystĂ©rieux amalgame de sensation et d’émotion. C’est alors un impĂ©ratif : il faut que je peigne « ça » comme pour m’en libĂ©rer et le partager. Règle gĂ©nĂ©rale, je suis incapable d’expliquer ce qui m’a interpellĂ©e lĂ  et pourquoi j’y vois tant de beautĂ©. Il y a sans doute d’occultes connivences entre le peintre et ce qui l’inspire.

       Certains thèmes sont rĂ©currents. J’ai fait beaucoup de portrait tout en prĂ©fĂ©rant la libertĂ© du personnage, humain ou animal, saisi dans un instant qui rĂ©vèle un peu de son intĂ©rioritĂ©. J’ai tendance Ă  l’isoler et Ă  le situer dans un dĂ©cor plutĂ´t dĂ©pouillĂ©, souvent constituĂ© d’élĂ©ments architecturaux : bĂ©ton, bois, brique, mĂ©tal. Il en va tout autrement quand je m’attarde au monde vĂ©gĂ©tal oĂą c’est l’abondance voire l’enchevĂŞtrement des feuilles, des pĂ©tales et des branches qui provoque mon intĂ©rĂŞt. Si j’ai fait très peu de natures mortes ou de paysages, les jeux d’eau exercent cependant sur moi un attrait hypnotique dans leur insaisissable mouvance et j’aimerais bien insister davantage sur cet Ă©lĂ©ment dans mon futur travail.

       Pour l’instant, l’huile est le seul mĂ©dium que j’utilise mĂŞme si je songe Ă  aller faire une incursion du cĂ´tĂ© de l’encre et de l’acrylique. Je veux aussi explorer pour dĂ©couvrir une expression globalement plus libre et audacieuse. On dit que c’est en marchant qu’on fait le chemin : je prĂ©vois une retraite bien active.